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poemes de beaudelaire
01/01/2007 13:30
Mes Poèmes Préférés.
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Au lecteur
... La sottise, l'erreur, le péché, la lésine, Occupent nos esprits et travaillent nos corps, Et nous alimentons nos aimables remords, Comme les mendiants nourrissent leur vermine. ... Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches; Nous nous faisons payer grassement nos aveux, Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux, Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches. ... Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste Qui berce longuement notre esprit enchanté, Et le riche métal de notre volonté Est tout vaporisé par ce savant chimiste. ... C'est le diable qui tient les fils qui nous remuent ! Aux objets répugnants nous trouvons des appats; Chaque jour vers l'enfer nous dessendons d'un pas, Sans horreur, vers des ténèbres qui puent. ... Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange Le sein martyrisé d'une antique catin, Nous volons au passage un plaisir clandestin Que nous pressons bien fort comme une vieille orange. ... Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes, Dans nos cerveaux ribote un peuple de démons, Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons, Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes. ... Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie, N'ont pas encore brodé de leurs plaisants dessins Le canevas banal de nos piteux destins C' est que notre âme, hélas! n'est pas assez hardie. ... Mais parmi les chacals, les panthères, les lices, Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents, Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants, Dans la ménagerie infâme de nos vices, ... Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde ! Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris, Il ferait volontiers de la terre un débris Et dans un bâillement avalerait le monde; ... C'est l'ennui! - l'oeil chargé d'un pleur involontaire, Il rêve d'échafauds en fumant son houka. Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat, -Hypocrite lecteur, -mon semblable, -mon frère !
... L'ennemi
... Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage, Traversé ça et là par de brillants soleils; Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage, Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils. ... Voilà que j'ai touché l'automne des idées, Et qu'il faut employer la pelle et les rateaux Pour rassembler à neuf les terres inondées, Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux ... Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ? ... -O douleur !, douleur ! Le temps mange la vie, Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
... Le vin des amants
... Aujourd'hui l'espace est splendide ! Sans mors, sans éperons, sans bride, Partons à cheval sur le vin Pour un ciel féerique et divin ! ... Comme deux anges que torture Une implacable calenture, Dans le bleu cristal du matin Suivons le mirage lointain ! ... Mollement balancés sur l'aile Du tourbillon intelligent, Dans un délire parallèle, ... Ma soeur, côte à côte nageant, Nous fuirons sans repos ni trêves Vers le paradis de mes rêves !
... Les litanies de Satan ... O toi, le plus savant et le plus beau des anges, Dieu trahi par le sort et privé de louanges, ... O Satan, prends pitié de ma longue misère ! ... O prince de l'exil, à qui l'on a fait du tort, Et qui, vaincu, toujours te redresses plus fort, ... O satan, prends pitié de ma longue misère ! ... Toi qui sais tout, grand roi des choses souterraines, Guérisseur familier des angoisses humaines, ... O satan, prends pitié de ma longue misère ! ... Toi qui, même aux lépreux, aux parias maudits, Enseignes par l'amour le goût du paradis. ... O satan, prends pitié de ma longue misère ! ... O toi qui de la mort, ta vieille amante, Engendras l'Espérance, -une folle charmante ! ... O satan, prends pitié de ma longue misère ! ... Toi qui fais au proscrit ce regard calme et haut Qui damne tout un peuple autour d'un échafaud, ... O satan, prends pitié de ma longue misère ! ... Toi qui sais en quel coins des terres envieuses Le dieu jaloux cacha les pierres précieuses, ... O satan, prends pitié de ma longue misère ! ... Toi dont l'oeil clair connaît les profonds arsenaux Où dort enseveli le peuple des métaux, ... O satan, prends pitié de ma longue misère ! ... Toi dont la large main cache les précipices Au somnambule errant au bord des édifices, ... O satan, prends pitié de ma longue misère ! ... Toi qui, magiquement, assouplis les vieux os De l'ivrogne attardé foulé par les chevaux, ... O satan, prends pitié de ma longue misère ! ... Toi qui, pour consoler l'homme frêle qui souffre, Nous appris à mêler le salpêtre et le soufre, ... O satan, prends pitié de ma longue misère ! ... Toi qui poses ta marque, ô complice subtil, Sur le front du Crésus impitoyable et vil, ... O satan, prends pitié de ma longue misère ! ... Toi qui mets dans les yeux et dans le coeur des filles Le culte des plaie et l'amour des guenilles, ... O satan, prends pitié de ma longue misère ! ... Bâton des exilés, lampe des inventeurs, Confesseur des pendus et des conspirateurs, ... O satan, prends pitié de ma longue misère ! ... Père adoptif de ceux qu'en sa noire colère Du paradis terrestre a chassés Dieu le Père, ... O satan, prends pitié de ma longue misère !
... Prière
... Gloire et louange à toi, Satan, dans les hauteurs Du ciel, où tu régnas, et dans les profondeurs De l'enfer, où, vaincu, tu rêves en silence ! Fais que mon âme un jour, sous l'Arbre de science, Près de toi se repose, à l'heure où sur ton front Comme un temple nouveau ses rameaux s'épandront !
... Les ténèbres
... Dans les caveaux d'insondable tristesse Où le destin m'a déjà relégué; Où, seul avec la nuit, maussade hôtesse, ... Je suis comme un peintre qu'un Dieu moqueur Condamne à peindre, hélas ! sur les ténèbres; Où, cuisinier aux appétits funèbres, Je fais bouillir et je mange mon coeur, ... Par instants brille, et s'allonge, et s'étale Un spectre fait de grâce et de splendeur. A sa rêveuse allure orientale, ... Quand il atteint sa totale grandeur, Je reconnais ma belle visiteuse; C'est Elle ! noire et pourtant lumineuse.
... Horreur sympathique
... De ce ciel bizarre et livide, Tourmenté comme ton destin, Quel pensers dans ton âme vide Descendent ? Réponds, libertin. ... -Insatiablement avide De l'obscur et de l'incertain, Je ne geindrai pas comme Ovide Chassé du paradis latin. ... Cieux déchirés comme des grèves, En vous se mire mon orgueil, Vos vastes nuages en deuil ... Sont les corbillards de mes rêves, Et vos lueurs sont le reflet De l'Enfer où mon coeur se plaît.
... Remords posthume
... Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse, Au fond d'un monument construit en marbre noir, Et lorsque tu n'auras pour alcôve et manoir Qu'un caveau pluvieux et qu'une fosse creuse; ... Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse Et tes flancs qu'assouplit un charmant nonchaloir, Empêchera ton coeur de battre et de vouloir, Et tes pieds de courrir leur course aventureuse, ... Le tombeau, confident de mon rêve infini (Car le tombeau toujours comprendra le poète) Durant ces grandes nuits d'ou le somme est banni, ... Te dira: ~Que vous sert, courtisane imparfaite, De n'avoir pas connu ce que pleurent les morts ?~ -Et le ver rongera ta peau comme un remords.
... L'irréparable
... Pouvons-nous étouffer le vieux, le long Remords, Qui vit, s'agite et se tortille, Et se nourrit de nous comme le ver des morts, Comme du chêne la chenille ? Pouvons-nous étouffer l'implacable remords ? ... Dans quel philtre, dans quel vin, dans quel tisane, Noierons-nous ce vieil ennemi, Destructeur et gourmand comme la courtisane, Patient comme la fourmi ? Dans quel philtre, dans quel vin, dans quel tisane ? ... Dis-le, belle sorcière, oh! dis, si tu le sais, A cet esprit comblé d'angoisse Et pareil au mourrant qu'écrasent les blessés, Que le sabot du cheval froisse, Dis-le, belle sorcière, oh! dis, si tu le sais. ... A cet agonisant que le loup déjà flaire Et que surveille le corbeau, A ce soldat brisé ! s'il faut qu'il désespère D'avoir sa croix et son tombeau; Ce pauvre agonisant que déjà le loup flaire ! ... Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ? Peut-on déchirer des ténèbres plus denses que la poix, sans matin et sans soir, Sans astres, sans éclairs funèbres ? Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ? ... L'espérance qui brille aux carreaux de l'auberge Est soufflée, est morte à jamais ! Sans lune et sans rayons, trouver où l'on héberge Les martyrs d'un chemin mauvais ! L'espérance qui brille aux carreaux de l'auberge ! ... Adorable sorcière, aimes-tu les damnés ? Dis, connais-tu l'irrémissible ? Connais-tu le Remords, aux traits empoisonnés, A qui notre coeur sert de cible ? Adorable sorcière, aimes-tu les damnés ? ... L'irréparable ronge avec sa dent maudite Notre âme, piteux monument, Et souvent il attaque, ainsi que le termite, Par la base le batiment. L'irréparable ronge avec sa dent maudite ! ... -J'ai vu parfois, au fond d'un théatre banal Qu'enflammait l'orchestre sonore, Une fée allumer dans un ciel infernal Une miraculeuse aurore; J'ai vu parfois, au fond d'un théatre banal ... Un être, qui n'était que lumière, or et gaze, Terrasser l'énorme Satan; Mais mon coeur, que jamais ne visite l'extase, Est un théatre où l'on attend toujours, toujours en vain, l'être aux ailes de gaze !
.... Le vampire
... Toi qui, comme un coup de couteau, Dans mon coeur plaintif es entrée; Toi qui, forte comme un troupeau De démons, vins, folle et parée, ... De mon esprit humilié Faire ton lit et ton domaine; -Infâme à qui je suis lié Comme un forçat à la chaîne, ... Comme au jeu le joueur têtu, Comme à la bouteille l'ivrogne, Comme aux vermines la charogne, -Maudite, maudite sois-tu ! ... J'ai prié le glaive rapide De conquérir ma liberté Et j'ai dit au poison perfide De secourir ma lâcheté. ... Hélas ! le poison et le glaive M'ont pris en dédain et m'ont dit: ~Tu n'est pas digne qu'on t'enlève A ton esclavage maudit, ... Imbécile ! -de son empire Si nos efforts te délivraient, Tes baisers ressusciteraient Le cadavre de ton vampire !~
... De profondis clamavi
... J'implore ta pitié, toi, l'unique que j'aime, Du fond du gouffre obscur où mon coeur est tombé. C'est un univers morne à l'horizon plombé, Où nagent dans la nuit l'horreur et le blasphème; ... Un soleil sans chaleur plane au-dessus six mois, Et les six autres mois la nuit couvre la terre; C'est un pays plus nu que la terre polaire; -Ni bêtes, ni ruisseaux, ni verdure, ni bois. ... Or il n'est pas d'horreur au monde qui surpasse La froide cruanté de ce soleil de glace Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos; ... Je jalouse le sort des plus vils animaux Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide, Tant l'écheveau du temps lentement se dévide !
... Une charogne
... Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme, Ce beau matin d'été si doux: Au détour d'un sentier une charogne infâme Sur un lit semé de cailloux, ... Les jambes en l'air, comme une femme lubrique, Brûlante et suant les poisons, Ouvrait d'une façon nonchalente et cynique Son ventre plein d'exalations. ... Le soleil rayonnait sur cette pourriture, Comme afin de la cuire à point, Et de rendre au centuple à la grande Nature Tout ce qu'ensemble elle avait joint; ... Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur s'épanouir. La puanteur était si forte, que sur l'herbe Vous crûtes vous évanouir. ... Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride, D'où sortaient de noirs bataillons De larves, qui coulaient comme un épais liquide Le long de ces vivants haillons. .. Tout cela dessendait, montait comme une vague, Ou s'élançait en pétillant; On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague, Vivait en se multipliant. ... Et ce monde rendait une étrange musique, Comme l'eau courante et le vent, Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rhythmique Agite et tourne dans son van. ... Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve, Une ébauche lente à venir, Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève Seulement par le souvenir. ... Derrière les rochers une chienne inquiète Nous regardait d'un oeil fâché, Epiant le moment de reprendre au squelette Le morceau qu'elle avait lâché. ... -Et pourtant vous serrez semblable à cette ordure, A cette horrible infection, Étoile de mes yeux, soleil de ma nature, Vous, mon ange et ma passion ! ... Oui ! telle vous serrez, ô la reine des grâces, Après les derniers sacrements, quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses, Moisir parmi les ossements. ... Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine Qui vous mangera de baisers, Que j'ai gardé la forme et l'essence divine De mes amours décomposés !
... Le mort joyeux
... Dans une terre grasse et pleine d'escargots Je veux creuser moi-même une fosse profonde, Où je puisse à loisir étaler mes vieux os Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde. ... Je hais les testaments et je hais les tombeaux; Plutôt que d'implorer une larme du monde, Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde. ... O vers ! noirs compagnons sans oreille et sans yeux, Voyez venir à vous un mort libre et joyeux; Philosophes viveurs, fils de la pourriture, .... A travers ma ruine allez donc sans remords, Et dites-moi s'il est encore quelque torture Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les mort !
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Commentaire de amine 666 (07/01/2007 18:02) :
trop cool had chi bjahd!!!!
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Commentaire de simo-slipknot@otmail.com (04/01/2008 23:05) :
nice poeme
but u should add the satanic bible from anton lavey it's very
important
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